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anecdote de floréal, an ii

Fanny allongea la main pour saisir le paquet de hardes que Rose lui tendait.

Mais, retirant aussitôt le bras :

— Rose, savez-vous que, si on nous découvrait, ce serait la mort pour vous ?

— La mort ! s’écria la jeune fille, vous me faites peur. Oh ! non, je ne le savais pas.

Puis, déjà rassurée :

— Citoyenne, votre bon ami saura bien me cacher.

— Il n’est pas de retraite sûre à Paris. Je vous remercie de votre dévouement, Rose ; mais je ne l’accepte pas.

Rose demeurait stupéfaite.

— Vous serez guillotinée, citoyenne, et je n’épouserai pas Florentin !

— Rassurez-vous, Rose. Je puis vous rendre service sans accepter ce que vous me proposez.

— Oh ! non. Ce serait de l’argent volé.

La fille du porte-clefs pria, pleura, supplia longtemps. Elle s’agenouilla et saisit le bord de la robe de Fanny.

Fanny la repoussa de la main et détourna