Ici des cœurs exempts de crimes,
Du soupçon dociles victimes,
Grâce aux rameaux d’un arbre protecteur,
En songeant à l’amour oubliaient leur douleur.
Il fut le confident de leurs tendres alarmes ;
Plus d’une fois il fut baigné de larmes.
Vous, que des temps moins rigoureux
Amèneront dans cette enceinte,
Respectez, protégez cet arbre généreux.
Il consolait la peine, il rassurait la crainte ;
Sous son feuillage on fut heureux.
Après avoir lu ces vers, Fanny resta songeuse. Elle revit intérieurement sa vie, douce et calme, son mariage sans amour, son esprit amusé de musique et de poésie, occupé d’amitié, riant, sans trouble ; puis l’amour d’un galant homme qui l’avait enveloppée sans l’atteindre et qu’elle sentait mieux dans le silence de la prison. Et, songeant qu’elle allait mourir, elle se désola. Une sueur d’agonie lui monta aux tempes. Dans son angoisse, elle leva ses regards ardents au ciel plein d’étoiles et elle murmura en se tordant les bras :
— Mon Dieu ! rendez-moi l’espérance.
À ce moment, un pas léger s’approcha d’elle. C’était Rosine, la fille du porte-clefs, qui venait lui parler en secret.