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la mort accordée

vraient la tablette de la cheminée. Des flacons de liqueurs étaient posés sur un bureau encombré de dossiers.

Par une porte entr’ouverte de la chambre voisine, on apercevait un grand lit défait.

— Citoyen Lardillon, dit André, je viens te demander un service.

— Citoyen, je suis prêt à te le rendre, s’il n’en coûte rien à la sûreté de la République.

André lui répondit en souriant :

— Le service que je te demande s’accordera parfaitement avec la sécurité de la République et la tienne.

Sur un signe de Lardillon, André s’assit.

— Citoyen substitut, dit-il, tu sais que depuis deux ans je conspire contre tes amis et que je suis l’auteur de l’écrit intitulé : les Autels de la Peur. Tu ne me feras pas de faveur en m’arrêtant. Tu ne feras que ton devoir. Aussi, n’est-ce pas là le service que je te demande. Mais écoute-moi : j’aime, et ma maîtresse est en prison.

Lardillon inclina la tête pour marquer qu’il approuvait ce sentiment.