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l’étui de nacre

par des légionnaires, dans la tour Antonia, les habits et les ornements sacerdotaux du grand-prêtre. Il faut reconnaître que, sans s’être élevés comme nous à la contemplation des choses divines, les Juifs célèbrent des mystères vénérables par leur antiquité.

Pontius Pilatus haussa les épaules :

— Ils n’ont point, dit-il, une exacte connaissance de la nature des dieux. Ils adorent Jupiter, mais sans lui donner de nom ni de figure. Ils ne le vénèrent pas même sous la forme d’une pierre, comme font certains peuples d’Asie. Ils ne savent rien d’Apollon, de Neptune, de Mars, de Pluton, ni d’aucune déesse. Toutefois, je crois qu’ils ont anciennement adoré Vénus. Car encore aujourd’hui les femmes présentent à l’autel des colombes pour victimes et tu sais comme moi que des marchands, établis sous les portiques du temple, vendent des couples de ces oiseaux pour le sacrifice. On m’avertit même, un jour, qu’un furieux venait de renverser avec leurs cages ces vendeurs d’offrandes. Les prêtres s’en plaignaient comme d’un sacrilège. Je crois que cet usage de sacrifier des tourterelles fut