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MADAME DE LUZY


[Manuscrit du 15 septembre 1792.]



I


Quand j’entrai, Pauline de Luzy me tendit la main. Puis nous gardâmes un moment le silence. Son écharpe et son chapeau de paille reposaient négligemment sur un fauteuil.

La prière d’Orphée était ouverte sur l’épinette. S’approchant de la fenêtre, elle regarda le soleil descendre à l’horizon sanglant.

— Madame, lui dis-je enfin, vous souvient-il des paroles que vous avez prononcées, il y a deux ans jour pour jour, au pied de cette colline, au bord du fleuve vers lequel vous tournez en ce moment les yeux ?

» Vous souvient-il que, promenant autour de