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l’aube

sentiment noble et sublime, tu méditeras dans la solitude, un souffle léger effleurera tes joues : qu’un doux frémissement pénètre alors ton âme ! »

Elle l’arrêta :

— Comprenez-vous maintenant, Marcel, que nous ne sommes jamais seuls, et qu’il est des mots que je ne pourrai pas entendre tant qu’un souffle venu de l’Océan passera dans les feuilles des chênes ?

Les voix des deux vieillards se rapprochaient.

— Dieu, c’est le bien, disait Duvernay.

— Dieu, c’est le mal, disait Franchot, et nous le supprimerons.

Tous deux, en même temps que Germain, prirent congé de Sophie.

— Adieu, messieurs, leur dit-elle. Crions : « Vive la liberté et vive le roi ! » Et vous, mon voisin, ne nous empêchez pas de mourir quand nous en aurons besoin.