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l’étui de nacre

La voix éclatante de M. Franchot effraya le petit Émile qui saisit la robe de sa mère. Franchot, apercevant tout à coup l’enfant, l’éleva de terre et lui dit avec enthousiasme :

— Plus heureux que nous, enfant, tu grandiras libre !

Mais Émile, épouvanté, renversa la tête en arrière et poussa de grands cris.

— Messieurs, dit Sophie en essuyant les larmes de son fils, vous voudrez bien souper avec moi. J’attends M. Duvernay, si toutefois il n’est pas retenu auprès d’un de ses malades.

Et se tournant vers Marcel :

— Vous savez que M. Duvernay, médecin du roi, est électeur de Paris, hors les murs. Il serait député à l’Assemblée nationale, si comme M. de Condorcet, il ne s’était pas dérobé par modestie à cet honneur. C’est un homme de grand mérite ; vous aurez plaisir et profit à l’entendre.

— Jeune homme, dit Franchot par surcroît, je connais M. Jean Duvernay et je sais de lui un trait qui l’honore. Il y a deux ans, la reine le fit appeler pour soigner le dauphin atteint d’une maladie de langueur. Duvernay habitait