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l’étui de nacre

Deux lits seulement attendaient les convives. Servie sans faste, mais honorablement, la table supportait des plats d’argent dans lesquels étaient préparés des becfigues au miel, des grives, des huîtres du Lucrin et des lamproies de Sicile. Pontius et Lamia, tout en mangeant, s’interrogèrent l’un l’autre sur leurs maladies dont ils décrivirent longuement les symptômes, et ils se firent part mutuellement de divers remèdes qu’on leur avait recommandés. Puis, se félicitant d’être réunis à Baies, ils vantèrent à l’envi la beauté de ce rivage et la douceur du jour qu’on y respirait. Lamia célébra la grâce des courtisanes qui passaient sur la plage, chargées d’or et traînant des voiles brodés chez les barbares. Mais le vieux procurateur déplorait une ostentation qui, pour de vaines pierres et des toiles d’araignées tissues de main d’homme, faisaient passer l’argent romain chez des peuples étrangers et même chez des ennemis de l’Empire. Ils vinrent ensuite à parler des grands travaux accomplis dans la contrée, de ce pont prodigieux établi par Caïus entre Putéoles et Baies et de ces canaux creusés par Auguste pour ver-