sa porte, l’immortelle romance, le Gage :
Ô toi qui n’eus jamais dû naître,
Gage trop cher d’un fol amour,
Puisses-tu ne jamais connaître
L’erreur qui te donna le jour !
Naguère encore je lisais avec délices le roman philosophique qui ouvrit au chevalier de Saint-Ange les portes de l’Académie française, cet admirable Cynégyre qui laisse bien loin derrière lui le Numa Pompilius de M. Florian. « Votre Cynégyre, disait le vénérable M. Sedaine au chevalier de Saint-Ange en le recevant dans l’illustre Compagnie, votre Cynégyre a été dédié par vous aux mânes de Fénelon et l’offrande n’a pas déparé l’autel. » Tel était mon rival : l’auteur sensible du Gage, l’émule de Fénelon et de Voltaire ! Je restais confus : l’étonnement engourdissait ma douleur.
— Quoi ! madame, m’écriai-je, le chevalier de Saint-Ange…
— Oui, reprit madame Berthemet en secouant la tête, un beau talent. Mais n’imaginez pas qu’il soit l’homme de ses poèmes héroïques. Hélas ! son amour décline avec notre fortune.