Page:Anatole France - L’Étui de nacre.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
l’étui de nacre

— Que ne suis-je encore qu’un enfant ! m’écriai-je en moi-même. Et à quoi bon vivre, si la vie nous ménage de semblables rencontres ! Ô bon régent, Père Féval ! que votre souvenir vienne adoucir les tristesses de mon âme ! Où la tourmente vous a-t-elle jeté, ô mon seul, ô mon vrai maître ? Du moins, partout où vous êtes, j’en suis sûr, l’humanité, la pitié et l’héroïsme résident avec vous. Vous m’avez enseigné, ô mon vénérable régent, la droiture et le courage. Vous avez fortifié mon cœur en prévision des jours d’épreuve. Puisse votre élève, votre enfant, ne pas se montrer trop indigne de vous !

À peine avais-je achevé cette invocation mentale, que je me sentis un courage nouveau. Et ma pensée, revenant, par une pente naturelle, à ma chère Amélie, je connus tout à coup mon devoir et je résolus de l’accomplir.

J’avais révélé mes sentiments à Amélie. Ne devais-je pas le même aveu à madame Berthemet ?

J’étais à quelques pas de sa porte, et mes rêveries m’avaient conduit naturellement vers la maison où respirait Amélie. J’entrai, je parlai.