pauvre petit paysan, pour plaire à une si gracieuse citadine ?
J’admirais ses talents. C’est en faisant de la musique, de la peinture ou en traduisant quelque roman anglais, qu’elle se divertissait noblement des malheurs publics et de ceux de sa famille. Elle montrait en toute rencontre une fierté qui se tournait volontiers à mon égard en raillerie badine. Il était visible que, sans toucher son cœur, j’amusais son esprit. Son père était le plus beau grenadier de la section, homme nul au demeurant. Quant à madame Berthemet, c’était, malgré sa pétulance, la meilleure des femmes. Elle débordait d’enthousiasme. Les perroquets, les économistes et les vers de M. Mille la faisaient tomber en pâmoison. Elle m’aimait, quand elle en avait le temps, car les gazettes et l’Opéra lui en prenaient beaucoup. Elle était, après sa fille, la personne du monde que j’avais le plus de plaisir à voir.
J’avais fait de grands progrès dans la confiance de M. de Puybonne. Il ne m’occupait plus à copier des lettres ; il m’employait aux négociations les plus délicates et il me faisait