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l’étui de nacre

— Voilà de belles connaissances ! me répondit-il en souriant. Mais il serait préférable que vous eussiez quelque idée de l’agriculture, des arts mécaniques, du commerce de la banque et de l’industrie. Vous connaissez les lois de Solon, je gage ?

Je lui fis signe qu’oui.

— C’est fort bien. Mais vous ignorez la constitution de l’Angleterre. Il n’importe. Vous êtes jeune et dans l’âge d’apprendre. Je vous attache à ma personne, avec cinq cents écus d’appointements. M. Mille, mon secrétaire, vous dira ce que j’attends de vous. Au revoir, monsieur.

Un laquais me conduisit à M. Mille, qui écrivait devant une table au milieu d’un grand salon blanc. Il me fit signe d’attendre. C’était un petit homme rond, de figure assez douce, mais qui roulait des yeux terribles et grondait à mi-voix en écrivant.

J’entendais sortir de sa bouche les mots de tyrans, fers, enfers, homme, Rome, esclavage, liberté. Je le crus fou. Mais, ayant posé sa plume, il me salua de la tête en souriant.

— Hein ? me dit-il, vous regardez l’appar-