Pourtant, l’homme qui l’écrivit avait, dans une humble condition, un esprit peu ordinaire. Ce médecin de village était un médecin philosophe. On lira peut-être sans trop de déplaisir les dernières pages de son journal. Je prends la liberté de les transcrire ici :
« C’est une vérité philosophique que rien au monde n’est absolument mauvais et rien absolument bon. La plus douce, la plus naturelle, la plus utile des vertus, la pitié, n’est pas toujours bonne pour le soldat ni pour le prêtre ; elle doit, chez l’un et chez l’autre, se taire devant l’ennemi. On ne voit pas que les officiers la recommandent avant le combat, et j’ai lu dans un vieux livre que M. Nicole la redoutait comme le principe de la concupiscence. Je ne suis pas prêtre, je suis soldat encore moins. Je suis médecin, et des plus petits, médecin de campagne. J’ai une obscure et longue pratique de mon art, et je puis affirmer que, si la pitié peut seule inspirer dignement notre vocation, elle doit nous