Page:Anatole France - L’Étui de nacre.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
gestas

le bain de Jésus. À la pensée de mes immondices, le cœur me monte aux lèvres, et je me sens vomir du dégoût de mes impuretés. Le bain, le bain !

Puis il attendit. Tantôt croyant voir qu’une main lui faisait signe au fond du confessionnal, tantôt ne découvrant plus dans la logette qu’une stalle vide, il attendit longtemps. Il demeurait immobile, cloué par les genoux au degré de bois, le regard attaché sur ce guichet d’où lui devaient venir le pardon, la paix, le rafraîchissement, le salut, l’innocence, la réconciliation avec Dieu et avec lui-même, la joie céleste, le contentement dans l’amour, le souverain bien. Par intervalles, il murmurait des supplications tendres :

— Monsieur le curé, mon père, monsieur le curé ! j’ai soif, donnez-moi à boire, j’ai bien soif ! Mon bon monsieur le curé, donnez-moi de quoi vous avez, de l’eau pure, une robe blanche et des ailes pour ma pauvre âme. Donnez-moi la pénitence et le pardon.

Ne recevant point de réponse, il frappa plus fort à la grille et dit tout haut :

— La confession, s’il vous plaît !