sont d’humeur joviale. La mort ne les effraie point : ils n’y pensent jamais. Moi qui vous parle, monsieur, j’entre dans un cimetière, la nuit, aussi tranquillement que sous la tonnelle du Cheval-Blanc. Et si, d’aventure, je rencontre un revenant, je ne m’en inquiète point, par cette considération qu’il peut bien aller à ses affaires comme je vais aux miennes. Je connais les habitudes des morts et leur caractère. Je sais à ce sujet des choses que les prêtres eux-mêmes ne savent pas. Et si je contais tout ce que j’ai vu, vous seriez étonné. Mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, et mon père, qui pourtant aimait à conter des histoires, n’a pas révélé la vingtième partie de ce qu’il savait. En revanche, il répétait souvent les mêmes récits, et il a bien narré cent fois, à ma connaissance, l’aventure de Catherine Fontaine.
Catherine Fontaine était une vieille demoiselle qu’il lui souvenait d’avoir vue quand il était enfant. Je ne serais point étonné qu’il y eût encore dans le pays jusqu’à trois vieillards qui se rappellent avoir ouï parler d’elle, car elle était très connue et de bon renom, quoique