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le jongleur de notre-dame

en sorte qu’il avait la barbe, les sourcils et les cheveux blancs de poussière, et que ses yeux étaient perpétuellement gonflés et larmoyants ; mais il était plein de force et de joie dans un âge avancé et, visiblement, la Reine du paradis protégeait la vieillesse de son enfant. Marbode la représentait assise dans une chaire, le front ceint d’un nimbe à orbe perlé. Et il avait soin que les plis de la robe couvrissent les pieds de celle dont le prophète a dit : « Ma bien-aimée est comme un jardin clos. »

Parfois aussi il la figurait sous les traits d’un enfant plein de grâce, et elle semblait dire : « Seigneur, vous êtes mon Seigneur ! — Dixi de ventre matris meæ : Deus meus es tu. » (Psalm. XXI, 11.)

Il y avait aussi, dans le couvent, des poètes, qui composaient, en latin, des proses et des hymnes en l’honneur de la bienheureuse vierge Marie, et même il s’y trouvait un Picard qui mettait les miracles de Notre-Dame en langue vulgaire et en vers rimés.