Page:Anatole France - L’Étui de nacre.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
le jongleur de notre-dame

Le moine fut touché de la simplicité du jongleur, et, comme il ne manquait pas de discernement, il reconnut en Barnabé un de ces hommes de bonne volonté de qui Notre-Seigneur a dit : « Que la paix soit avec eux sur la terre ! » C’est pourquoi il lui répondit :

— Ami Barnabé, venez avec moi, et je vous ferai entrer dans le couvent dont je suis prieur. Celui qui conduisit Marie l’Égyptienne dans le désert m’a mis sur votre chemin pour vous mener dans la voie du salut.

C’est ainsi que Barnabé devint moine. Dans le couvent où il fut reçu, les religieux célébraient à l’envi le culte de la sainte Vierge, et chacun employait à la servir tout le savoir et toute l’habileté que Dieu lui avait donnés.

Le prieur, pour sa part, composait des livres qui traitaient, selon les règles de la scolastique, des vertus de la Mère de Dieu.

Le Frère Maurice copiait, d’une main savante, ces traités sur des feuilles de vélin.

Le Frère Alexandre y peignait de fines miniatures. On y voyait la Reine du ciel, assise sur le trône de Salomon, au pied duquel veillent quatre lions ; autour de sa tête nimbée