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de ne pouvoir s’y rendre aussi vite qu’ils auraient voulu, alléguant le mauvais état de leur santé qui n’avait pu résister à tant d’épreuves et à la douleur de n’être plus en la grâce du Saint-Père.

Ils offraient d’envoyer leur défense par écrit. Le tribunal de l’Inquisition est patient et plein de mansuétude. Mais il est vigilant. Les deux évêques reçurent l’ordre de se rendre à Rome dans le délai de quinze jours, sous peine de suspense, c’est-à-dire d’être privés de l’exercice des ordres et des fonctions de leur office.

Ils étaient concordataires, ils le demeurèrent en cette extrémité. Tenus d’obéir au Pape qui les appelait à Rome et au gouvernement français qui interdit aux évêques de sortir sans permission de leur diocèse, ils crurent bien faire en portant chacun sa lettre au directeur des Cultes. Elle était rédigée en italien, signée du secrétaire d’État Merry del Val et portait le timbre des postes royales italiennes. Ils en donnèrent connaissance à M. Dumay, conformément à l’article XX, section III des Organiques, et contrairement aux prescriptions de la bulle Apostolicæ Sedis.

— Eh ! quoi, leur dit M. Dumay, un cardinal vous somme de comparaître devant le Saint-Office ! Ce n’est pas conforme au droit français. Nous n’admettons pas l’intervention d’une juridiction étrangère sur notre territoire. Vous ne comparaîtrez pas. Demeurez.

Ainsi le Gouvernement apprit que la Sainte-Inquisition instruisait la cause de deux évêques concorda-