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rétabli. L’ordre, sans doute, était rétabli dans la rue. Mais toutes les causes de trouble subsistaient dans les esprits et il restait à appliquer la loi sur les associations, tâche nécessaire et laborieuse.

Elle échut à M. Émile Combes, sénateur, ancien ministre de l’Instruction publique, que M. Waldeck-Rousseau avait désigné au choix du Président de la République. La Chambre savait ce qu’elle avait à attendre de lui et M. Waldeck-Rousseau ne l’ignorait pas. Président de la commission chargée d’examiner cette loi des associations, M. Combes avait prononcé, à ce titre, un discours au Sénat, le 21 juin 1901, pour défendre l’article 14 qui consacrait « l’incapacité légale des membres des congrégations non autorisées en matière d’enseignement ». Et depuis lors, bien loin de cacher sa pensée, il avait saisi toutes les occasions de la faire connaître. Au printemps de 1902, M. Jules Huret ouvrit pour le Figaro une enquête sur les lois de la laïcisation. Il alla trouver tout d’abord M. Combes dans la paix du Luxembourg, et lui ayant fait plusieurs questions sur les avantages et les inconvénients du monopole d’État, il lui demanda :

— Au cas où, même du fait de l’abrogation de la loi Falloux, l’enseignement libre ne serait pas supprimé, pensez-vous qu’on prendra des mesures pour arrêter le développement de l’enseignement congréganiste, et quelles mesures ?

M. Combes répondit :

— La loi des associations y a pourvu. Si le gou-