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des écoles navales et militaires. L’Université est une bonne mère : mais quand ses nourrissons ont quitté son sein, elle ne les connaît plus. Les Pères, au contraire, n’abandonnent jamais leurs élèves. Beaucoup l’ont dit avant moi, notamment, en excellents termes, M. Joseph Reinach[1]. Ils les suivent dans la vie, ils les marient. Ils les font avancer dans les administrations, dans l’armée, les poussent dans le grand commerce, dans l’industrie, dans le barreau, dans la médecine, dans les carrières scientifiques. Ils s’assurent ainsi des intelligences dans tous les rangs de la société et dans tous les organes de l’État. Ils forment une immense agence sociale. Un visiteur, étant entré dans la cellule du père Du Lac, ne vit qu’un seul livre sur sa table de travail, l’Annuaire de l’armée.

  1. Histoire de l’Affaire Dreyfus, 1903, t. III, p. 25.