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Puis M. Haviland regarda M. Fellaire en face et lui dit :

— Je ne vous donnerai pas de conseils, parce que vous ne m’écouteriez pas. Je ne vous donnerai pas d’argent, parce que vous ne me le rendriez pas. Vous n’êtes pas un gentleman, non ! Je vous prie de ne jamais revenir chez moi, non ! Vous pourrez voir madame Haviland quand il vous plaira, oui !

Et il sortit.

M. Fellaire, étourdi du coup, bouleversé, se sentant un homme fini, eut le courage d’embrasser gaiement sa fille et de lui dire des bagatelles. Elle l’accueillit avec une tendresse d’enfant. Il y avait dans le caractère de cet homme quelque chose de facile qui sympathisait avec la nature paresseuse d’Hélène, et c’était son père enfin. D’un seul coup d’œil de femme, elle vit la chemise effilée sur les bords, la redingote blanchie au collet, le chapeau, toutes les misères de la toilette paternelle. Elle soupçonna la vérité. Mais la voyant soucieuse, il sourit, le pauvre homme ! il allégua des affaires magnifiques qui l’absorbaient. Il s’accusa de se négliger en vieillissant. Il demanda si elle était