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était dissoute par suite du décès de M. Andrew, mort en juin 1848, du choléra, laissant une veuve et un fils âgé de quatre ans, nommé Samuel. Mistress Andrew, restée sans fortune, avait quitté la ville avec son petit enfant. M. Haviland ne put retrouver sa trace. Ayant appris que Liçaliçali s’était fixé à l’île Bourbon, il y alla, et trouva le brahmane donnant des leçons d’anglais aux enfants du gouverneur de la colonie. M. Liçaliçali apprit à M. Haviland que la veuve d’Andrew Ewart s’était retirée avec son enfant chez son frère, M. Johnson, ancien officier de Sa Majesté.

M. Haviland n’en put découvrir davantage ; maintenant Samuel Ewart avait vingt-sept ans ; chaque semaine, une annonce insérée dans le Times l’invitait à faire connaître sa résidence à M. Martin Haviland esq., à Paris, et Samuel Ewart ne donnait pas signe de vie.

M. Haviland conduisait depuis vingt-cinq ans ses recherches, sans plus d’ardeur, sans plus de lassitude un jour que l’autre. C’était sa tâche, il la reprenait chaque matin comme un menuisier reprend son rabot. Groult tenait tous les fils de l’affaire et les démêlait adroitement.