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fille, qui ouvrait démesurément ses yeux de violette, tandis que sa bouche s’épanouissait.


Le soir de ce jour, madame Lourmel et sa fille, accoudées à la fenêtre, respiraient l’air chargé de sel et regardaient la lune levée sur la mer scintillante.

— Mais, mon enfant, disait madame Lourmel, nous ne savons rien ni de sa famille, ni de sa fortune, ni de sa conduite.

— Mais, maman, je l’aime, s’écria la jeune fille avec l’audace de l’innocence.

— Que dis-tu là, Jeanne ? reprit la mère. Tu ne le connais même pas.

Et Jeanne, dont les beaux yeux brillaient d’une tendresse un peu mutine, répartit :

— Maman, je ne le connais pas, mais je le reconnais.