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— Je suis peintre, dit-il à Télémaque ébloui. Quand je reviendrai, j’apporterai ma toile et ma boîte de couleurs et je ferai votre portrait.

Deux militaires, annoncés par les aboiements de Miragoane, demandèrent deux canettes. Tandis que Télémaque disparaissait sous la trappe qui fermait l’escalier de la cave, Remi, dont la pipe s’était éteinte, alla prendre sur le comptoir une allumette. Alors il vit passer sur l’avenue le petit vieillard qu’il avait aperçu dans le salon doré des dames de la rue des Feuillantines. C’était bien le même petit vieillard, portant les mêmes favoris blancs et le même parapluie.

— Télémaque ! Télémaque ! cria le jeune homme.

La trappe soulevée laissa paraître Télémaque comparable à un génie souterrain mais bienveillant. Il riait entre les deux bouteilles de bière, qu’il eut immédiatement débouchées pour les servir aux militaires attablés. Mais Remi le tira vigoureusement par sa veste blanche et l’amena surpris au seuil de la boutique.

— Télémaque, connaissez-vous ce vieux monsieur ? demanda-t-il, en montrant du doigt le dos voûté du bonhomme.