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bouleversé qu’il ne savait plus si le baccalauréat était un examen littéraire ou une société secrète. Il acheva l’hiver dans un engourdissement voluptueux. Le timide soleil d’avril qui blanchissait les murs le réveilla à demi.

Les moineaux piaillaient sur les toits. Le capitaine en retraite semait des graines dans ses caisses vertes. Les fenêtres, si longtemps closes et dont les vitres étaient naguère obscurcies d’une buée épaisse, s’ouvraient aux rayons d’un jour encore pâle et à la prime tiédeur du printemps. Remi, qui avait perdu de vue et de pensée, depuis l’été, ses amies du quatrième étage, revit avec plaisir la cage des serins et la poignée de cuivre du piano.

Quand, pour la première fois, il aperçut la mère et la fille dans le salon doré, il se retint pour ne pas les saluer d’un geste amical. Un petit vieillard, assis sur le canapé, tenant son chapeau et son parapluie entre les jambes, semblait parler affectueusement. Il levait le bras et on croyait l’entendre dire :

— Comme vous êtes grandie, Marie (ou Jeanne ou Louise) ! Vous voilà devenue une demoiselle.