Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle était déjà debout quand elle se ravisa.

— Ces journalistes, dit-elle, n’ont pas le sens commun. Quel est donc celui qui disait qu’on avait donné à l’affreux malheur qui vous a frappée, pauvre chérie, des proportions, des proportions ?… D’abord, je ne sais pas bien ce qu’on entend par des proportions.

Hélène, effarée, répondit :

— Je ne vous comprends pas ; je vous assure que je suis…

Elle s’arrêta au bord d’une insondable maladresse. N’allait-elle pas protester de son innocence !

Elle fit rechercher le numéro du journal, le lut et ne dormit plus.

Pendant ce temps, le parquet d’Avranches, saisi d’une affaire criminelle, l’instruisait minutieusement. Un sieur Reuline, agent d’affaires assez mal famé, avait été trouvé assassiné dans son logis, rue de Gesvre, à Granville. Les charges pesèrent d’abord sur un ouvrier du port, ivrogne et débauché, qui s’était rendu chez Reuline vers cinq heures du soir, la veille même de la découverte du cadavre. L’épicier, établi au rez-de-