Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il était particulièrement utile quand il s’agissait d’éconduire un faux Samuel Ewart, car plusieurs aventuriers s’étaient déjà présentés chez M. Haviland comme fils et héritiers du feu Andrew.

La santé de M. Haviland se troubla pendant l’automne de 1871 ; il eut des insomnies et des vertiges. Un jour (c’était au commencement de l’hiver, ils s’étaient établis à Nice, dans la villa des Oliviers), Hélène, qui lisait un roman dans le salon, vit entrer son mari et poussa un cri d’effroi :

— Vos yeux, dit-elle ! Regardez donc vos yeux, là, dans la glace !

Les yeux bleus de M. Haviland étaient devenus noirs. Il avait la bouche frémissante, l’air égaré et il murmurait :

Il viendra, Sam, Sam Ewart.