Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre, 1879.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vues ni jouer au billard. Il rencontra là, au printemps, une figure de connaissance. Nouilhac, gros garçon velu, à demi paysan, qui, ayant trouvé des écus dans un sabot de feu son père, cultivateur en Auvergne, faisait sauter le sac avec des appétits de goinfre et une ladrerie de vilain. 11 touchait à la quarantaine et devenait sérieux.

Ayant racheté dans son pays une source thermale oubliée, avec son établissement moisi, il avisait au moyen d’y ramener les baigneurs. Il avait ses poches bourrées de flacons d’eau minérale et de prospectus illustrés de vignettes représentant des thermes romains et une piscine du seizième siècle, d’après une ancienne miniature.

Tendant une bouteille à Longuemare :

— Thermale, sulfurée, chlorurée, sodique, arsenicale, iodo-bromurée et gazeuse, lui dit-il.

Puis il déroula tout au long son affaire.

L’établissement était situé à cinquante kilomètres de Clermont, au bord d’un lac, au pied d’une superbe pyramide de basalte. Quinze ou vingt chevriers et trente goitreux ou goitreuses peuplaient le village.

Nouilhac possédait, du chef de son père, trois