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Sa mère lui dit :

— Je commençais à être inquiète… Tu ne te défais pas ? Elle répondit :

— J’ai faim.

Elle se laissa tomber sur une chaise, devant la petite table ronde. Rejetant son manteau sur le dossier, elle découvrit son buste fin dans sa petite robe noire de pensionnaire, et, le coude gauche sur la toile cirée de la table, elle se mit à piquer de sa fourchette les tranches de saucisson.

— Est-ce que ça a bien marché ce soir ? demanda madame Nanteuil.

— Très bien.

— Tu vois : Chevalier est venu te tenir compagnie. C’est gentil à lui, n’est-ce pas ?

— Ah ! Chevalier… Eh bien ! qu’il se mette à table.

Et, sans plus répondre aux questions de sa mère, elle mangeait, avide et charmante, comme Cérès chez la vieille femme. Puis elle repoussa son assiette et, renversée sur sa