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Il se leva et sortit sans attendre la fin du spectacle. Il ne remonta pas à la loge de Félicie, de peur d’y rencontrer Ligny dont la vue lui était insupportable, et parce que, de la sorte, il pouvait s’imaginer que Ligny n’y était pas revenu.

Éprouvant un malaise physique à s’éloigner d’elle, il fit cinq ou six tours sous les galeries éteintes et désertes de l’Odéon, descendit les degrés dans la nuit et prit la rue de Médicis. Les cochers sommeillaient sur leurs sièges, en attendant la fin du spectacle, et, sur la cime des platanes, la lune courait dans les nuées. Gardant un reste d’espoir absurde et doux, cette nuit-là comme les autres nuits, il allait attendre Félicie chez sa mère.