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sont comme si elles existaient. Elles existent déjà. Elles existent si bien que nous les connaissons en partie. Et, si cette partie est infime par rapport à leur immensité, elle est en proportion très appréciable avec la partie que nous pouvons connaître des choses accomplies. Il nous est permis de dire que, pour nous, l’avenir n’est pas beaucoup plus obscur que le passé. Nous savons que les générations succéderont aux générations dans le travail, la joie et la souffrance. J’étends mes regards par delà la durée de la race humaine. Je vois les constellations changer lentement dans le ciel leurs formes, qui semblaient immuables ; je regarde le chariot dételer son antique attelage, le bouclier d’Orion se rompre, Sirius s’éteindre. Nous savons que le soleil se lèvera demain et que longtemps encore, dans les nuées épaisses ou les vapeurs légères, il se lèvera tous les matins.

Adolphe Meunier entra discrètement sur la pointe des pieds.