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nous n’en devons pas conclure qu’ils sont en réalité successifs, et nous avons encore moins de raisons de croire qu’ils se produisent au moment où nous les percevons.

— C’est évident, dit Constantin Marc, qui n’avait pas écouté.

— L’univers, poursuivit le docteur, nous apparaît sans cesse imparfait, et nous avons l’illusion qu’il s’achève sans cesse. Comme nous percevons les phénomènes successivement, nous croyons qu’en effet ils succèdent les uns aux autres. Nous nous imaginons que ceux que nous ne voyons plus sont passés et que ceux que nous ne voyons pas encore sont futurs. Mais on peut concevoir des êtres construits de telle façon qu’ils découvrent simultanément ce qui pour nous est le passé et l’avenir. On en peut concevoir qui perçoivent les phénomènes dans un ordre rétrograde et les voient se dérouler de notre futur à notre passé. Des animaux disposant de l’espace autrement que nous et