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elle avança la tête vers la glace, et elle y vit, non pas son visage, mais celui du mort. Un filet de sang lui coulait d’un coin de la lèvre ; il riait et la regardait.

Alors elle se décida à faire ce qu’elle croyait utile et bon. Elle prit une voiture et alla le voir. En passant sur le boulevard Saint-Michel, elle avait acheté chez sa fleuriste une botte de roses. Elle les lui apportait. Elle se mit à genoux devant la petite croix noire qui marquait l’endroit où on l’avait mis. Elle lui parla. Et le pria d’être raisonnable, de la laisser tranquille. Elle lui demanda pardon de l’avoir traité autrefois avec dureté. On ne s’entend pas toujours dans la vie. Mais il devait comprendre maintenant et pardonner. A quoi lui servait-il de la tourmenter ? Elle ne demandait pas mieux que de garder de lui un bon souvenir. Elle irait le voir de temps en temps. Mais qu’il renonçât à la poursuivre et à l’effrayer.