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comment Romilly voudrait que je dise : « Je ne vous crains pas. » Je vais t’expliquer. Je mets la main sous le nez, j’écarte les doigts et je dis un mot à chaque doigt, séparément, sur un ton particulier, avec une physionomie spéciale : « Je, ne, vous, crains, pas », comme si je montrais les marionnettes ! Un peu plus, je mettrais à tous mes doigts un petit chapeau en papier. C’est fin, c’est spirituel, crois-tu ?

Puis, soulevant ses cheveux et découvrant son front courageux :

— Je vais te montrer comment je fais ça.

Subitement transfigurée et grandie, elle dit avec un air de fierté ingénue et de tranquille innocence :

» — Non, monsieur, je ne vous crains pas. Pourquoi vous craindrais-je ! Vous avez pensé me prendre à votre piège et vous vous êtes mis à ma merci. Vous êtes un homme d’honneur. Maintenant que je suis sous votre toit, vous me direz ce que vous