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Je vais l’avertir que vous êtes ici. Elle sera bien contente de vous voir, monsieur de Ligny. Elle sait que vous l’aimez bien. Et les vrais amis sont rares, surtout dans le monde du théâtre.

Robert observait madame Nanteuil avec une attention qu’il ne lui avait pas encore prêtée. Il cherchait à voir en elle la figure que sa fille aurait plus tard. Volontiers il lisait en passant sur le visage des mères la bonne aventure des filles. Et cette fois il déchiffrait obstinément les traits et les formes de cette dame comme une intéressante prophétie. Il n’y lut rien qui fût de mauvais augure, ni de bon. Madame Nanteuil, grasse, le teint reposé, la peau fraîche, n’était pas désagréable, dans le mol empâtement de ses chairs. Mais sa fille ne lui ressemblait pas du tout.

La voyant toute calme et placide, il lui dit :

— Vous n’êtes pas nerveuse, vous ?

— Je ne l’ai jamais été. Ma fille ne tient