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des bras, des jambes. Ils écoutaient chacun dans sa manière, avec noblesse, ingénuité, douleur ou révolte, selon son emploi.

Non, le directeur du théâtre ne laisserait pas partir sans une parole d’adieu le vaillant comédien qui, dans sa trop courte carrière, avait donné plus que des espérances.

— Chevalier, fougueux, inégal, inquiet, communiquait à ses créations un caractère particulier, une physionomie distinctive. Nous l’avons vu, il y a bien peu de jours, je pourrais dire : il y a bien peu d’heures, imprimer à une figure épisodique un relief puissant. L’illustre auteur de la pièce en était frappé. Chevalier touchait au succès. Il avait le feu sacré. On s’est demandé la cause de sa fin si cruelle. Ne cherchez pas. Chevalier est mort de son art : il est mort de la fièvre dramatique. Il est mort dévoré par la flamme qui tous nous consume lentement. Hélas ! le théâtre, dont le public voit seulement les sourires et les larmes