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fleuristes funéraires, des étalages de pots de fleurs et le mobilier économique des tombes, jardinières en zinc, couronnes d’immortelles en ciment, anges gardiens en plâtre. A leur gauche, ils voyaient derrière le mur bas du cimetière se dresser les croix blanches entre les têtes nues des tilleuls et partout ils respiraient, dans la poussière pâle, la mort, la mort banale, régulière, administrée par la Ville et l’État et pauvrement enjolivée par la piété des familles.

Entre les deux lourds piliers de pierre, surmontés de sabliers ailés, ils passèrent. Le char s’avança lentement sur le sable qui criait dans le silence. Il semblait, au milieu des maisons des morts, avoir doublé de hauteur. Les gens du cortège lisaient sur les tombes des noms célèbres ou regardaient la statue d’une jeune fille assise, un livre à la main. Le vieux Maury déchiffrait sur les épitaphes l’âge des défunts. Les vies courtes et plus encore les vies moyennes l’affligeaient