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Il s’aperçut qu’elle le regardait avec curiosité et il commença le récit de son hallucination, après avoir allumé toutes les lampes électriques, pour dissiper les fantômes de l’ombre.

— Du temps que j’étais médecin au Caire, chaque année, au mois de février, je remontais le Nil jusqu’à Louksor, et de là, j’allais, avec des amis, visiter dans le désert les tombeaux et les temples. Ces promenades à travers les sables se font à dos d’âne. La dernière fois que je me rendis à Louksor, je louai un jeune ânier, dont l’âne blanc, Rhamsès, était plus vigoureux que les autres. Cet ânier, qui se nommait Sélim, était aussi plus robuste, plus svelte et plus beau que les autres âniers. Il avait quinze ans. Ses yeux doux et farouches brillaient sous un voile magnifique de longs cils noirs ; son visage brun était d’un ovale ferme et pur. Il marchait pieds nus dans le désert, d’un pas qui faisait songer à ces