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il était descendu et l’avait guettée sur le trottoir, et, quand il avait vu le fiacre s’arrêter devant la porte, il s’était dissimulé derrière un arbre. Il savait bien qu’elle reviendrait avec Ligny ; mais, en les voyant ensemble, il lui avait semblé que la terre s’entr’ouvrait, et, pour ne pas tomber, il s’était retenu au tronc de l’arbre. Il resta jusqu’à ce que Ligny fût sorti de la maison ; il l’observa qui, serré dans sa pelisse, gagnait sa voiture, fit deux pas pour s’élancer sur lui, s’arrêta, puis à grands pas descendit le boulevard.

Il allait, chassé par la pluie et le vent. Ayant trop chaud, il ôta son feutre et prit plaisir à sentir les gouttes d’eau froide sur son front. Il eut une vague conscience que des maisons, des arbres, des murs, des lumières passaient indéfiniment à ses côtés ; il allait, songeant.

Il se trouva, sans savoir comment il y était venu, sur un pont qu’il connaissait à peine et au milieu duquel se dressait une statue