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guère les gens qui le rétabliraient sur son trône, Caliban, au fond, nous rend plus de services que ne le ferait Prospéro restauré par les jésuites et les zouaves pontificaux. Loin d’être une renaissance, le gouvernement de Prospéro, dans les circonstances actuelles, serait un écrasement. »

Et il conclut : « Gardons Caliban. »

Plutôt que de sacrifier la science à la démocratie, Renan eût sacrifié la démocratie à la science. Mais dès qu’il s’aperçut que la science avait moins à perdre avec Caliban qu’avec Prospéro, il préféra Caliban.

Ces drames, dans lesquels il montre en souriant les difficultés de la politique, sont des chefs-d’œuvre de grâce, d’ironie et de finesse.

On ne trouvera jamais d’expressions assez simples pour louer l’art de Renan, qui est