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plit sa tâche. Dans un des plus beaux et des plus grands livres qu’on ait jamais écrits, monument de la probité la plus sévère et du plus vaste génie, il mit au jour de l’histoire les origines obscures du christianisme. Il fit voir la première Église de Jésus persécutée par l’orthodoxie de Jérusalem, les missions de saint Paul, qui n’eurent d’effet que sur quelques petites associations juives établies dans le monde hellénique ; l’entrée inaperçue du christianisme à Rome, où il eut bientôt la fortune incomparable de souffrir par Néron, de trouver en Néron l’ennemi de Jésus, l’Antechrist, de paraître d’un coup et pour les siècles le bien opposé au mal ; puis la destruction de Jérusalem qui périt en donnant à l’univers un Dieu qu’elle reniait et qui, par sa mort, délivra l’Église d’une mère ennemie. Il montra ensuite la seconde génération chrétienne fixant la lé-