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résolut d’en faire l’essai et dit à ma mère : « Mignonne, envoyez-moi Putois. Je le ferai travailler à Monplaisir. » Ma mère le lui promit. Elle l’eût fait volontiers. Mais vraiment ce n’était pas possible. Madame Cornouiller attendit Putois à Monplaisir, et l’attendit en vain. Elle avait de la suite dans les idées et de la constance dans ses projets. Quand elle revit ma mère, elle se plaignit à elle de n’avoir pas de nouvelles de Putois. « Mignonne, vous ne lui avez donc pas dit que je l’attendais ? — Si ! mais il est étrange, bizarre… — Oh ! je connais ce genre-là. Je le sais par cœur votre Putois. Mais il n’y a pas d’ouvrier assez lunatique pour refuser de venir travailler à Monplaisir. Ma maison est connue, je pense. Putois se rendra à mes ordres, et lestement, ma mignonne. Dites-moi seulement où il loge ; j’irai moi-même le trouver. » Ma mère répondit qu’elle ne savait pas où logeait Putois, qu’on ne lui connaissait pas de domicile, qu’il était sans