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que Putois ne fut jamais, as-tu assez considéré les conditions de l’existence et les modes de l’être ? Putois existait, ma sœur. Mais il est vrai que c’était d’une existence particulière.

— Je comprends de moins en moins, dit Pauline découragée.

— La vérité t’apparaîtra clairement tout à l’heure, ma fille. Apprends que Putois naquit dans la maturité de l’âge. J’étais encore enfant, ta tante était déjà fillette. Nous habitions une petite maison, dans un faubourg de Saint-Omer. Nos parents y menaient une vie tranquille et retirée, jusqu’à ce qu’ils fussent découverts par une vieille dame audomaroise, nommée madame Cornouiller, qui vivait dans son manoir de Monplaisir, à cinq lieues de la ville, et qui se trouva être une grand’tante de ma mère. Elle usa d’un droit de parenté pour exiger que notre père et notre mère vinssent dîner tous les dimanches à Monplaisir, où ils