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en journée. Ceux qui l’employaient n’eurent pas toujours à se louer de lui.

À ces mots, mademoiselle Bergeret, riant encore :

— Tu te rappelles, Lucien : quand notre père ne trouvait plus sur son bureau son encrier, ses plumes, sa cire, ses ciseaux, il disait : « Je soupçonne Putois d’avoir passé par ici. »

— Ah ! dit M. Bergeret, Putois n’avait pas une bonne réputation.

— C’est tout ? demanda Pauline.

— Non, ma fille, ce n’est pas tout. Putois eut ceci de remarquable, qu’il nous était connu, familier, et que pourtant…

— … il n’existait pas, dit Zoé.

M. Bergeret regarda sa sœur d’un air de reproche :

— Quelle parole, Zoé ! et pourquoi rompre ainsi le charme ? Putois n’existait pas. L’oses-tu dire, Zoé ? Zoé, le pourrais-tu soutenir ? Pour affirmer que Putois n’exista point,