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celle de ta tante Zoé. Dans la maison de ton grand-père Bergeret on parlait sans cesse de Putois. Chacun à son tour le croyait voir.

Pauline demanda :

— Qu’est-ce que c’était que Putois ?

Au lieu de répondre, M. Bergeret se mit à rire, et mademoiselle Bergeret aussi rit, les lèvres closes.

Pauline portait son regard de l’un à l’autre. Elle trouvait étrange que sa tante rît de si bon cœur, et plus étrange encore qu’elle rît d’accord et en sympathie avec son frère. C’était singulier en effet, car le frère et la sœur n’avaient pas le même tour d’esprit.

— Papa, dis-moi ce que c’était que Putois. Puisque tu veux que je le sache, dis-le-moi.

— Putois, ma fille, était un jardinier. Fils d’honorables cultivateurs artésiens, il s’établit pépiniériste à Saint-Omer. Mais il ne contenta pas sa clientèle et fit de mauvaises affaires. Ayant quitté son commerce, il allait