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de la douceur. Puisque vous voulez que je fasse un conte pour les riches, je leur dirai : « Vos pauvres sont vos chiens que vous nourrissez pour mordre. Les assistés font aux possédants une meute qui aboie aux prolétaires. Les riches ne donnent qu’à ceux qui demandent. Les travailleurs ne demandent rien. Et ils ne reçoivent rien. »

— Mais les orphelins, les infirmes, les vieillards ?…

— Ils ont le droit de vivre. Pour eux je n’exciterai pas la pitié, j’invoquerai le droit.

— Tout cela, c’est de la théorie ! Revenons à la réalité. Vous me ferez un petit conte à l’occasion des étrennes, et vous pourrez y mettre une pointe de socialisme. Le socialisme est assez à la mode. C’est une élégance. Je ne parle pas, bien entendu, du socialisme de Guesde, ni du socialisme de Jaurès ; mais d’un bon socialisme que les gens du monde opposent avec à-propos et esprit au collectivisme. Mettez-moi dans votre conte des