tice. Et elles paraîtront d’autant plus respectables qu’elles seront plus injustes. Remarquez aussi qu’anciennes pour la plupart, elles représentent non pas tout à fait l’iniquité présente, mais une iniquité passée, plus rude et plus grossière. Ce sont des monuments des âges mauvais, qui subsistent dans des jours plus doux.
— Mais on les corrige, dit M. Goubin.
— On les corrige, répondit M. Bergeret. La Chambre et le Sénat y travaillent quand ils n’ont pas autre chose à faire. Mais le fond subsiste : il est âpre. À vrai dire, je ne craindrais pas beaucoup les mauvaises lois si elles étaient appliquées par de bons juges. La loi est inflexible, dit-on. Je ne le crois pas. Il n’y a point de texte qui ne se laisse solliciter. La loi est morte. Le magistrat est vivant ; c’est un grand avantage qu’il a sur elle. Malheureusement il n’en use guère. D’ordinaire, il se fait plus mort, plus froid, plus insensible que le texte qu’il applique.