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JEAN MARTEAU

azurée croître et décroître au creux du jarret, selon que la jambe était tendue ou pliée. Je remarquai aussi la plante rose de ses pieds. Je la poursuivis longtemps sans fatigue et d’un pas léger comme le vol d’un oiseau. Mais une ombre épaisse la voilait, et sa fuite incessante me conduisit dans un chemin si étroit qu’un petit poêle de fonte le barrait entièrement. C’était un de ces poêles à longs tuyaux coudés qu’on met dans les ateliers. Il était chauffé à blanc. La porte était incandescente et la fonte rougissait tout autour. Un chat à poil ras se tenait assis dessus et me regardait. En approchant, j’aperçus par les fentes de sa peau grillée une pâte ardente de fer fondu qui remplissait son corps. Il miaulait et je compris qu’il me demandait de l’eau. Pour en trouver, je descendis la pente d’un bois frais, planté de frênes et de bouleaux. Un ruisseau y coulait, au fond d’une ravine. Mais des blocs de grès et des touffes de chênes nains le surplombaient et