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LES JUGES INTÈGRES

de pendre et de rouer nos semblables. Nous serons des êtres moraux. Cela se connaîtra aux prisons, aux gibets et aux estrapades qui se dresseront dans nos villes. Il y aura des chevaux législateurs. Qu’en penses-tu, Roussin ?

Roussin, qui était la monture du second juge, répondit qu’il pensait que le cheval était le roi de la création, et qu’il espérait bien que son règne arriverait tôt ou tard.

— Blanchet, quand nous aurons bâti des villes, ajouta-t-il, il faudra, comme tu dis, instituer la police des villes. Je voudrais qu’alors les lois des chevaux fussent chevalines, je veux dire favorables aux chevaux, et pour le bien hippique.

— Comment l’entends-tu, Roussin ? demanda Blanchet.

— Je l’entends comme il faut. Je demande que les lois assurent à chacun sa part de picotin et sa place à l’écurie ; et qu’il soit permis à chacun d’aimer à son gré, durant