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madame Cère et de M. Cère, dont on ne sait encore s’il est un mari stupide ou complaisant. Son imbécillité l’a sauvé. Il subsiste des doutes sur son infamie. Autrefois, cette femme cherchait éperdument à plaire à Du Fau, qui, volontiers, rend service à des ménages embarrassés et fastueux. Mais Du Fau ne lui cachait pas son antipathie. Il disait devant elle : « Une fausse belle femme est plus fâcheuse qu’une laide. Avec une laide on peut avoir d’agréables surprises. L’autre, c’est le fruit rempli de cendre. » En cette occasion, la force du sentiment élevait la parole de Du Fau au style de l’Écriture sainte. Maintenant, Mme Cère ne faisait pas attention à lui. Devenue indifférente aux hommes, elle ne connaissait plus que sa seringue de Pravaz, et son amie, la comtesse V***. Ces deux femmes ne se quittaient guère, et l’on admettait que leur liaison pouvait être innocente, pour cette raison qu’elles étaient expirantes toutes les